Le suivi thérapeutique des femmes (ou toute personne ayant des organes sexuels féminins) qui souffrent de douleurs sexuelles, passe par l'information. Une santé sexuelle satisfaisante implique un meilleur accès à la connaissance de son propre corps, à la fois de l'anatomie et physiologie des organes sexuels et des notions des syndromes douloureux qui peuvent survenir pendant ou après les rapports sexuels.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) : « La santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité, ce n'est pas seulement l'absence de maladie, de dysfonctionnement ou d'infirmité
La santé sexuelle exige une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d'avoir des expériences sexuelles agréables et sécuritaires, sans coercition, ni discrimination et ni violence ».

Anatomie
La partie externe du sexe féminin : la vulve.


« L'entrée du vagin » est aussi appelé le vestibule vulvaire (c'est ici que la douleur est localisée dans la vestibulodynie).
Les dyspareunies
Les dyspareunies désignent les douleurs sexuelles ressenties pendant ou après les rapports.
Où ? La douleur peut se situer plutôt à l'extérieur ou plutôt à l'intérieur (on parle de dyspareunie d'intromission et de dyspareunie profonde qui peut être due à une endométriose).
Défaut de lubrification : les douleurs peuvent être causées par un défaut de lubrification de la muqueuse vaginale sans que ce soit pour autant une réelle « sécheresse vaginale » (due à un trouble hormonal, une cause infectieuse ou chirurgicale, etc.) Le terme de sécheresse vaginale est un diagnostic médical (inflammation, irritation et démangeaisons de la muqueuse), à différencier d'un défaut de lubrification pendant la sexualité dû à un manque d'excitation sexuelle lié à une peur du contact ou de la pénétration.
Vulvodynie : -dynie signifie « douleur », donc littéralement c'est la douleur de la vulve (partie externe des organes génitaux féminins).
Vestibulodynie : douleur située au niveau du vestibule, la partie entre les petites lèvres et l'entrée du vagin, sans cause lésionnelle.
« Près d'une femme sur 10 souffre de vestibulodynie, mais beaucoup ne sont pas diagnostiquées » (site des Hospices Civils de Lyon)
Le(s) vaginisme(s)
Le vaginisme se caractérise par une contraction involontaire des muscles entourant le vagin, c'est-à-dire les muscles du plancher pelvien (ou périnée). Ces spasmes musculaires empêchent la pénétration (que ce soit le doigt, pénis, un tampon ou le spéculum en consultation gynécologique) car elle est douloureuse, provoque de l'anxiété, des inconforts, voire une impossibilité totale et une peur phobique de la pénétration. En somme, la douleur provoque l'anxiété et inversement, l'anxiété provoque une douleur par anticipation (ce qui forme un cercle vicieux).
Comment différencier le vaginisme des autres troubles de la douleur sexuelle, comme les dyspareunies ?
- Les spasmes musculaires aident à reconnaitre les cas de vaginisme et à les différencier des dyspareunies.

« Ce n'est pas un problème de vagin, mais bien un problème de périnée. […] Vos vagins vont bien » (Vaginismes, A. Bonnaud et M. Maurel - 2023)
Le ou les vaginismes ? Le pluriel permet de rendre compte de la diversité des formes de vaginisme, tous.tes les patient.es ne présentent pas de la même façon les symptômes douloureux. Les douleurs peuvent être vécues comme plus ou moins importantes (fortes) et les symptômes ne se manifestent pas toujours aux même moments / de la même façon, mais tous les vaginismes sont importants à prendre en compte et à prendre en charge.
C'est une pathologie qui parle de son histoire de vie, ses propres représentations du sexe féminin et de la sexualité, dépendant des stéréotypes socio-culturels véhiculés dans nos éducations. C'est pourquoi il existe différents vaginismes, les patient.es n'ont pas la même histoire, les mêmes ressentis.
Le vaginisme peut être primaire : la difficulté à la pénétration vaginale est présente dès le début de la vie sexuelle.
Ou secondaire : survient dans un second temps, les facteurs sont physiques, psychologiques ou relationnels. Un vaginisme peut être causé par une agression sexuelle chez certaines femmes ou des violences médicales obstétricales/ gynécologiques. En revanche, ce n'est pas toujours le cas, et quelques fois l'explication du vaginisme est beaucoup plus complexe et peut prendre du temps.
Le vaginisme peut être total : la pénétration n'est pas possible, quelque soit l'objet pénétrant.
Ou partiel / circonstanciel : ce peut être en fonction de l'objet pénétrant ou du contexte.
Ce n'est pas un vaginisme « moins important », toutes les plaintes douloureuses sont importantes à prendre à compte, à écouter.
Le sexologue Tristan Vilmer utilise le néologisme : « périnéisme ».
Au lieu de parler de « vaginisme », terme qui véhicule des fausses croyances, par exemple des femmes qui souffrent de ces douleurs pensent que leur vagin est « trop serré », ou « trop petit », etc.
Dès 1978, un médecin gynécologue, Dr Lamont, a créé une classification des vaginismes afin de mieux appréhender l'examen gynécologique. Actuellement, cette classification est utile aux médecins pour évaluer le vaginisme en question et la pertinence d'un examen gynécologique (s'il est faisable ou s'il n'est pas souhaitable).
Grade 1 : C'est la forme la plus légère. Les patientes peuvent contrôler la contraction de leurs muscles du plancher pelvien (notamment le releveur de l'anus) si elle sont rassurée pendant l'examen gynécologique.
Grade 2 : Les spasmes du releveur de l'anus persiste malgré les suggestions rassurantes du médecin données à la patiente.
Grade 3 : L'examen gynécologique n'est pas faisable à cause des spasmes du muscle releveur de l'anus et de l'hypertonie du périnée.
Grade 4 : Au cours de l'examen qui ne sera alors pas faisable, la patiente manifeste des réactions de défense et de retrait, spasmes musculaires, raidissement de la colonne, troubles neurovégétatifs.
Un grade 5 (Pacik, 2019) existe : "vaginisme sévère avec des manifestations de réponse viscérale aux examens gynécologiques de routine, une incapacité à avoir des rapports sexuels et un spasme du bulbocavernosum". La réponse viscérale : "tremblements, tremblements, anxiété extrême, pleurs, cris, transpiration, palpitations, hyperventilation, nausées, vomissements et syncope"
Les solutions de prise en charge
La prise en charge pluridisciplinaire des douleurs sexuelles, c'est « la règle des 3 M » (M. Maurel, ostéopathe et sexologue à Paris) :
La Muqueuse : rendez-vous chez le.la gynécologue ou médecin généraliste spécialisé en gynécologie (ici à Emanéa, chez les Dr. Grangeon Sandra, Dr. Blanc-Cognault Camille et Dr. Leroy Marion).
Le Muscle : pris en charge par le.la kinésithérapeute spécialisé en pelvi-périnéologie et l'ostéopathe.
Le Mental : aspect psychocorporel indispensable à prendre en compte, rendez-vous chez le psychologue et/ou sexothérapeute.
Lecture : VAGINISMES - Comprendre, Se soigner, S'épanouir
de A. Bonnaud & M. Maurel
Lecture : Couper la douleur, de Lisa Dayan
Podcasts sur le sujet des douleurs sexuelles
VIBRANT·E·S & Yes We Ken
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Références / sources :
- Angéla Bonnaud et Margot Maurel, Vaginismes (Comprendre, Se soigner, S'épanouir), 2023 éd. La Musardine
- Lisa Dayan, Couper la douleur (Vulvodynie, vaginisme, douleurs pelviennes : guérir est possible), 2024 éd. Marabout
- Pacik PT, Babb CR, Polio A, Nelson CE, Goekeler CE, Holmes LN. Case Series: Redefining Severe Grade 5 Vaginismus. Sex Med. 2019 Dec;7(4):489-497.
- www.chu-lyon.fr
- compte Instagram @vilmer.tristan
- sources images : @coquillagesetclitoris
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