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  • Photo du rédacteurF L'Hermite D.O.

Ostéopathie dans le champ crânien, définition et indications

Au-delà de la spécificité première de l'ostéopathie qu'est l'utilisation exclusive des mains pour soigner, la seconde serait son approche crânienne. L'ostéopathie est la seule pratique manuelle qui accorde une telle importance au crâne. En effet et c'est avec la naissance de l'ostéopathie, très particulièrement depuis William Garner Sutherland, que l'approche par le crâne fut théorisée.


Aussi spécifique soit elle, l'ostéopathie dans le champ crânien n'est pas une spécialisation. Au contraire, cela fait partie intégrante d'une séance classique, le praticien ostéopathe prend en compte les "mouvements" du crâne autant que tous les autres mouvements du corps (articulaires, myo-fasciaux, respiratoires, vasculaires, etc.), avec une vision d'ensemble (voir l'article sur « Concept de globalité et vue d'ensemble sur les fascias »).







Historique : d'où vient cette pratique ?

Ma pratique clinique, l'approche par le crâne

Relations anatomiques et physiologiques avec le reste du corps

Y a-t-il des indications pour la pratique crânienne ?




* * *


Historique : d'où vient cette pratique ?


L'ostéopathie est une médecine exclusivement manuelle, découverte par Andrew Taylor Still dans une Amérique du XIXe siècle. Parmi ses élèves, ce sont William Garner Sutherland (1873-1954) et Harold Ives Magoun (1898-1981) qui développent l'ostéopathie dans le champ crânien. Par l'étude de l'anatomie du crâne (particulièrement les sutures crâniennes) et selon l'hypothèse d'une mobilité crânienne, ils établissent une théorisation des mouvements des os du crâne selon des axes précis. À la genèse de cette « idée folle », l'observation des os du crâne et notamment l'aspect des sutures de l'os sphénoïde : « biseautées, comme les ouïes du poisson, indiquant une mobilité pour un mécanisme respiratoire » (A. S. Sutherland, 1962).


1. temporal, 2. occiput, 3. pariétal, 4. frontal, 5. ethmoïde, 6. sphénoïde

William Garner Sutherland et ses élèves après lui, Rollin Becker, James Jealous, Viola Frymann, etc., ont quelques fois mis l'accent sur une dimension fluidique, ou encore énergétique, de ces mouvements du crâne, qui circuleraient le long de la colonne vertébrale jusqu'au bassin et même dans l'organisme tout entier. Il s'agit là du Mécanisme Respiratoire Primaire (MRP) : un mouvement de bascule, rythmique, perçu comme une "vague" le long de l'axe crânio-sacré (du crâne au sacrum) et dans tout le corps. Au-delà des os du crâne, ce mécanisme prend en compte le tissu nerveux (cerveau, moelle épinière), les membranes (les méninges), les liquides (liquide céphalo-rachidien), contenus dans la boîte osseuse. C'est l'approche biodynamique de l'ostéopathie, une approche globale du corps selon les théories crâniennes (W G Sutherland, en fin de vie, opta pour un paradigme nouveau selon une philosophie plus vitaliste, moins mécaniste).


Plus tard, dès les années 80-90, en France, arrive l'Approche tissulaire par Pierre Tricot, il apporte sa vision à l'approche crânienne, inspirée de sa propre expérience clinique. Il a été lui-même formé par Viola Frymann dont les enseignements l'ont beaucoup influencé pour développer son modèle théorique. Il s'agit d'une façon de traiter le corps humain où l'accent est mis sur la qualité de présence du praticien ; ses techniques d'accompagnement des mouvements tissulaires perçus dans l'ici et maintenant viennent remplacer les théories des mouvements crânien selon des axes précis. De la même façon que W. G. Sutherland changeait de philosophie sur la fin de ses travaux, Pierre Tricot enseigne l'ostéopathie selon une philosophie que je qualifierais de plus ontologique, moins mécaniste.


Fondateurs de l'ostéopathie dans le champ crânien (H. I. Magoun à gauche et W. G. Sutherland à droite)
Fondateurs de l'ostéopathie dans le champ crânien (H. I. Magoun à gauche et W. G. Sutherland à droite)


Ma pratique clinique, l'approche par le crâne


Les principes et la façon de traiter les douleurs, et autres troubles fonctionnels, par l'abord du crâne sont devenus par la suite une façon de pratiquer l'ostéopathie, depuis entre autre Rollin Becker, élève de W. G. Sutherland, qui développa l'hypothèse crânienne. Concrètement, par des techniques douces, on dit que l'ostéopathe, en palpant le crâne, "écoute" les tissus et "accompagne" le mouvement. Mes techniques sont des points d'appui plus ou moins légers à des endroits du crâne ou du corps que j'ai identifiés comme étant plus en tension, plus denses, ou moins mobiles et gênant l'équilibre global.




Relations anatomiques et physiologiques avec le reste du corps


- OS : jusqu'au sacrum et au coccyx (os du bassin), il existe un lien direct entre le crâne et le bassin, c'est la colonne vertébrale.


- MEMBRANES : les méninges (trois membranes dont la dure-mère, l'arachnoïde et la pie-mère) enveloppent et protègent l'encéphale et la moelle épinière.


- LIQUIDE : le liquide céphalo-rachidien (ou cérébro-spinal) est un liquide contenu dans les méninges, il circule en continu.


- SYSTÈME NERVEUX : il s'agit de l'encéphale (cerveau, cervelet, tronc cérébral) qui se prolonge par le moelle épinière dans la colonne vertébrale et les nerfs périphériques dans tout l'organisme.




Y a-t-il des indications pour la pratique crânienne ?


- Les douleurs et troubles localisés au niveau de la tête : migraines, céphalées (maux de tête), acouphènes, bruxisme, vertiges, troubles visuels…


- Tous les maux de dos : lombalgie, hernie discale, sciatique, etc., ou même les cervicalgies, torticolis, trapézalgie (voir relations entre le crâne et la colonne vertébrale jusqu'au bassin)


- Les troubles digestifs (le lien le plus évident est nerveux, il s'agit du nerf crânien X, le nerf vague)


- Les troubles du sommeil et fatigue importante (d'après des observations cliniques, relâcher les tensions tout le long de l'axe crâne-colonne-bassin permettrait de rééquilibrer l'ensemble de l'organisme et donc indirectement un meilleur sommeil, un meilleur état général)


- La pratique crânienne est particulièrement indiquée chez les nourrissons (pour les plagiocéphalies, après un accouchement difficile, troubles de la déglutition, otites, torticolis…) et les enfants




* * *


La pratique dans le champ crânien n'est pas une spécialisation mais fait partie intégrante de l'ostéopathie. Elle entre dans le cadre d'un traitement global. Lorsque l'ostéopathe pose ses mains de part et d'autre du crâne, sous la tête ou encore au niveau du visage et de la mâchoire, cela signifie qu'il.elle évalue les mouvements tissulaires, et donc les zones de tensions, du crâne mais aussi de l'ensemble de l'organisme.


De nos jours, et après les ostéopathes fondateurs cités ci-dessus, les théories de l'ostéopathie crânienne, du MRP et des mouvements des os du crâne sont encore en évolution ; comme toute découverte liée au monde du vivant, la pensée de la science ostéopathique évolue avec le temps.






Mots-clés : #ostéopathiecrânienne #WGSutherland #HIMagoun #ostéopathiebiodynamique #approchetissulaire #maldedos #maldetête


Sources images : (1) Atlas d'anatomie humaine, Frank H. Netter (2) Site web medecine-des-arts.com (3) Ostéopathie dans le champ crânien, éd. Sully, 2004


Source citation : Adah Strand Sutherland, With thinking fingers, 1962


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